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Tout ce que vous devez savoir sur l’art sans l’avoir jamais appris, par Michel Rotfus et Jean-Jacques Rosat

Dans cet article publié initialement dans Côté-Philo n° 5, Michel Rotfus et Jean-Jacques Rosat analysent 139 sujets de dissertation sur la notion l’art.

jeudi 26 janvier 2017, par Acireph

Une diversité illimitée

Un programme de notions autorise une telle diversité de sujets qu’il est impossible aussi bien à l’élève de s’y préparer qu’au professeur d’y préparer ses élèves. Affirmer cela n’est pas défendre une conception quelconque de l’enseignement de la philosophie. C’est constater un fait qu’il est facile d’établir [1].

Deux articles précédents, (« Comment désorienter les élèves dans la pensée", Côté philo n°2, « Le fantôme de la science hante le bac philo », Côté Philo n°3), l’ont montré en analysant respectivement les sujets relatifs à la notion de religion et celle de science.

Celui-ci poursuit cette réflexion en examinant les sujets relatifs à la notion d’art, toutes séries confondues, entre 1982 et 2001.

Le relevé de ces sujets n’est pas exhaustif : les sujets comportant des citations en ont été retirés (ils ne sont plus conformes aujourd’hui) ainsi que les doublons (ceux dont la formulation, sans être littéralement la même, posent exactement la même question). Dans ces conditions, on arrive à 139 sujets différents, qui se répartissent en 23 problèmes bien distincts.

Quand le "bon" ne se confond pas avec le "beau".

Une telle liste pourrait recevoir une première objection.

On pourrait soutenir qu’il n’est pas honnête d’inclure dans la même liste des sujets du début des années 80 et des sujets récents, car la qualité des sujets s’est améliorée ces dernières années.

Cette première objection n’est pas sérieuse : elle répond à côté de la question. Le problème que soulève ces listes n’est pas celui de la qualité des sujets : c’est celui de leur diversité illimitée. Même si les sujets étaient réellement “meilleurs”, cela ne changerait rien au fait que l’élève qui a entendu un cours sur « art et réalité » est démuni quand on lui demande si l’art est utile ; ou que celui qui a eu un cours sur le jugement de goût est sans ressource quand lui demande si on peut expliquer une œuvre d’art. De plus, il ne suffit pas d’affirmer que les sujets se sont améliorés ces dernières années pour que cela devienne vrai. La question de savoir s’il s’agit d’un bon sujet n’est pas simple : quels sont les critères d’un bon sujet de philo au bac ? Cette question est rarement posée et encore moins débattue [2]. Il n’est pas sûr d’ailleurs qu’un programme de notions permette d’y répondre correctement. On peut penser qu’un des critères caractéristiques d’un bon sujet est qu’il donne à l’élève l’occasion de mettre en œuvre ce qu’il a appris pendant l’année - qu’il permette de s’assurer que l’élève comprend le sens de certains problèmes philosophiques, qu’il connaît un certain nombre d’idées et sait les réutiliser intelligemment, qu’il maîtrise certaines distinctions conceptuelles.

Admettons par provision qu’un bon sujet au bac est un sujet identifiable (le problème doit être clairement reconnaissable), classique (il s’agit d’un problème reconnu, que l’élève doit avoir normalement rencontré dans son cours ou dans les textes qu’il a lus), faisable (l’élève doit avoir les moyens de le traiter après une courte année d’initiation à la philosophie).

Soit le sujet : L’art modifie-t-il notre rapport à la réalité ? (France métropolitaine, juin 2000, ES) On peut avoir envie de dire que c’est un beau sujet : incontestablement, il peut susciter toutes sortes de réflexions philosophiques intéressantes. Mais est-ce pour autant un bon sujet de bac ? Il n’est pas identifiable : aucun repère n’est donné à l’élève et, même s’il a eu un bon cours classique, il ne saura pas où aller chercher. D’ailleurs, essayons nousmême de reformuler en une ou deux phrases le problème posé ! C’est un sujet qui conduit l’élève de terminale au bavardage. Soit le sujet : L’œuvre d’art met-elle en présence d’une vérité impossible à atteindre par d’autres voies ? (Antilles, juin 2000, S) Cet énoncé fait référence à une doctrine philosophique particulière sur l’art, développée par l’idéalisme allemand et sa postérité. Sauf dans le cas où le professeur lui aura consacré une place privilégiée — ce qui est peu probable dans une série S, tant à cause de l’horaire que de la difficulté à bien faire comprendre cette conception si on ne veut pas la réduire à des formules mystérieuses ou à des slogans —, le sujet est complètement infaisable. Mais, encore une fois, la question fondamentale que soulèvent ces listes n’est pas celle-là. La légitimité d’un sujet dépend de son lien avec le programme. "Est-il vrai qu’on ne peut pas discuter des goûts ?" est un sujet légitime si et seulement si l’élève a eu un cours sur la question du jugement de goût. Et le seul moyen de faire en sorte qu’il en ait un, c’est d’inscrire cette question comme telle au programme. Des sujets comme "L’art qui reproduirait la réalité serait-il encore de l’art ?" ou "Pourquoi dit-on de l’artiste qu’il crée ?" sont légitimes si et seulement si la maîtrise de concepts comme ceux de représentation (ou d’imitation) et de création est explicitement requise par le programme [3].

L’apprentissage de la réflexion philosophique : entre pensée sans repère ni rivage et psittacisme

On pourrait nous opposer une deuxième objection : les choses sont très bien ainsi car cette diversité illimitée des sujets oblige les élèves à faire l’effort de penser et interdit toute récitation d’une question de cours. C’est là un propos simpliste, déraisonnable et irréaliste, et au bout du compte, malhonnête. Cette deuxième objection est simpliste parce que notre enseignement n’a pas à choisir entre le psittacisme et une prétendue pensée sans repère ni rivage : c’est une fausse alternative. Entre les deux, il y a justement tout l’espace de l’apprentissage de la réflexion philosophique. Elle est déraisonnable et irréaliste parce qu’elle prête aux élèves une invraisemblable capacité de transposition : ayant rencontré un concept ou une idée dans le contexte de tel problème, ils devraient être capables de les réutiliser dans des contextes complètement différents. Vous avez étudié le concept de liberté dans le contexte d’un cours de métaphysique sur Liberté et déterminisme ? Eh bien, vous devez savoir répondre à la question "En quoi l’art peut-il favoriser la liberté" ? Vous avez eu un cours sur la religion ? Alors vous êtes tout à fait compétent pour nous dire "En quoi le sentiment esthétique se distingue(-t-il) du sentiment religieux".

Enfin, elle est malhonnête, car il revient à demander aux élèves ce que nous-mêmes, professeurs, ne saurions pas faire. Imaginez un instant que vous ayez à traiter "L’art peut-il s’enseigner ?" sans jamais avoir entendu parler de Kant ni du thème du génie et des règles ; ou bien de "L’art peut-il se comprendre comme une conversion des passions ?" sans rien connaître d’Aristote et de la catharsis ? Non seulement vous ne sauriez rien dire d’un peu pertinent, mais même vous ne sauriez pas donner véritablement de sens à de tels sujets. Ce n’est que dans le contexte d’une certaine culture philosophique qu’un problème de philosophie prend son sens.

Nous devons nous dire que les élèves, face à une large majorité des sujets de bac sont placés exactement dans la même situation : ce sont des questions dont ils ne peuvent faire un problème philosophique parce qu’ils ignorent tout non seulement de ce qui permettrait de les discuter, mais plus radicalement encore, de ce qui leur donne un sens.

Les sujets sur l’art

Ce sont 139 sujets sur l’art qui sont répertoriés ci-dessous. Si nous nous demandons à quels problèmes philosophiques ils renvoient, nous pouvons procéder à des regroupements divers, qui ont chacun leur légitimité et qui peuvent donner lieu à des discussions qui mériteraient d’être poursuivies. Voici un classement parmi d’autres possibles. Ce sont 32 domaines d’interrogation distincts auxquels on aboutit (plus un inclassable) qui concernent 23 problèmes distincts, tous relatifs à l’art. Chacun d’eux peut donner lieu à autant de chapitres distincts dans le cadre d’un cours de philosophie qui voudrait préparer les élèves à affronter l’un de ces sujets possibles. Ce genre de cours existe : on le rencontre dans les classes de Khâgne ou dans les préparations à l’agrégation de philosophie, là où le programme de toute une année se concentre sur une seule notion. Il va sans dire que le traitement de chacun de ces sujets suppose une compréhension suffisamment claire des concepts en jeux : l’ensemble de ces 139 sujets met en jeu au moins 96 concepts différents. Faut-il croire que le travail d’une année d’initiation en classe de terminale a pour objectif de mettre les élèves en situation d’acquérir la maîtrise d’une telle diversité, sinon de quoi, de qui dépend-elle ? Mission impossible pour l’élève de traiter de façon suffisante n’importe lequel de ces sujets. Mission impossible pour le professeur de l’y préparer.

Michel Rotfus, Lycée Honoré de Balzac, Paris Jean-Jacques Rosat, Collège de France


Définition de l’art
1. Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ?
2.Qu’est-ce qui distingue l’œuvre d’art de toute autre production humaine ?
3. La publicité peut-elle être considérée comme un art ?
4. Qu’est-ce qui distingue une œuvre d’art d’un objet quelconque ?
5. Qu’admire-t-on dans une œuvre d’art ?
6. La reproduction des œuvres d’art nuit-elle à l’art ?
7. Une œuvre d’art peut-elle ne pas être belle ?

Art, travail , technique
8. L’habileté technique suffit-elle à définir l’artiste ?
9. Peut-on identifier œuvre et travail ?
10. L’activité de l’artiste relève-t-elle du travail ou du jeu ?
11. Qu’est-ce qui distingue la création artistique et l’invention technique ?
12. Peut-on opposer produire et créer ?
13. Les qualités de l’artiste sontelles celles de l’artisan ?
14. La création artistique a-t-elle quelque chose à attendre ou à redouter de la production industrielle ?

Imitation et création
15. Peut-on affirmer que, par l’œuvre, l’artiste crée un autre monde ?
16. L’art qui reproduirait la réalité serait-il encore de l’art ?
17. Peut-on dire que “peindre n’est pas dépeindre” et qu’“écrire n’est pas décrire” ?
18. Pourquoi applique-t-on le terme de création à l’activité artistique ?
19. Pourquoi dit-on de l’artiste qu’il crée ?

Art et réalité
20. L’œuvre d’art nous éloigne-t-elle ou nous rapproche-t-elle du réel ?
21. L’art nous détourne-t-il de la réalité ?
22. Une œuvre d’art nous invite-t-elle à nous évader du monde ou à mieux le regarder ?
23. L’art permet-il de mieux connaître la réalité ?
24. Peut-on dire de l’art qu’il a pour fonction de produire une représentation illusoire de la réalité ?
25. L’art nous révèle-t-il quelque chose du réel ?
26. L’art est-il évasion hors du monde ?
27. L’art modifie-t-il notre rapport à la réalité ?

Art et vérité
28. L’œuvre d’art nous met-elle en présence d’une vérité impossible à atteindre par d’autres voies ?
29. L’art est-il le règne de l’apparence ?
30. L’art est-il dévoilement d’une vérité ?
31. La représentation esthétique est-elle mensongère ?
32. Une œuvre d’art peut-elle être plus vraie que son modèle ?

Art et liberté
33. En quoi les artistes nous aident-ils à être libres ?
34. Quelle relation peut-on établir entre l’art et la liberté ?
35. En quoi l’art peut-il favoriser la liberté ? L’art et le temps
36. L’art peut-il nous affranchir de l’ordre du temps ?

Fonctions et signification de l’œuvre d’art
37. L’art n’est-il qu’un divertissement ?
38. L’œuvre d’art nous apprend-elle quelque chose ?
39. Les œuvres d’art nous enseignent-elles quelque chose ?
40. L’artiste apprend-il à voir ce que d’ordinaire nous ne voyons pas ?
41. L’art peut-il être considéré comme l’expression raffinée des malheurs de l’homme ?
42. Créer, est-ce conjurer la mort ?
43. L’œuvre d’art a-t-elle un sens ?
44. Le plaisir est-il l’origine et la fin de l’art ?
45.L’art fait-il réfléchir ou fait-il rêver ?
46. Une œuvre d’art est-elle utile ?
47. Tout œuvre d’art nous parle-telle de l’homme ?

Art et humanité
48. Un homme peut-il être indifférent à l’art ?
49. Que vaudrait la vie humaine sans art ?
50. L’homme a-t-il besoin de l’art ?
51 L’art répond-il à un besoin ?

Art et imagination
52. La fonction des images dans l’art est-elle de déborder les limites de la pensée claire ?
53. Dans quelle mesure la création artistique est-elle l’œuvre de l’imagination ?

Valeur de l’œuvre d’art
54. Les œuvres d’art ne sont-elles pas d’autant plus admirées qu’elles sont inutiles ?
55. N’est-il pas paradoxal que l’œuvre d’art soit objet d’échange ?
56. Une œuvre d’art est-elle un objet sacré ?
57.En quoi l’art peut-il être considéré comme une chose sérieuse ?
58. Peut-on reprocher à l’art d’être inutile ?
59. Qu’est-ce qui fait la valeur d’une œuvre d’art ? Art et engagement
60. Peut-on reprocher à l’art de se mettre au service d’une cause juste ?

L’artiste
61. Peut-on être artiste occasionnellement ?
62. L’artiste sait-il ce qu’il fait ?
63. Le poète a-t-il quelque chose à dire ?
64. La science est une création collective ; qu’en est-il de la création artistique ?
65. L’homme est-il naturellement artiste ?

L’art, l’artiste et le public
66. Est-ce le regard du spectateur qui fait l’œuvre d’art ?
68. L’œuvre de l’artiste peut-elle se passer du public ?
69. L’artiste doit-il chercher à plaire ?

Le génie et les règles
70. L’art peut-il s’enseigner ?
71. Devient-on artiste en imitant les autres artistes ?
72. L’artiste a-t-il besoin d’un modèle ?
73. Suffit-il d’être doué pour être artiste ?
74. L’artiste est-il nécessairement un homme de génie ?
75. Un art peut-il se passer de règles ?
76. Un artiste doit-il être original ?
77. L’art n’obéit-il à aucune règle ?
77. Y a-t-il des règles de l’art ?

L’art dans la société
78. En quoi l’œuvre d’art peut-elle être un objet d’échange ?
79. L’art est-il une affaire publique ?
80. Comment l’art peut-il s’insérer dans la vie sociale ?
81. Dans quelle mesure l’art est-il un fait social ?
82. Que deviendrait une société sans artistes ?
83.Comment définir un art populaire ?
84. Peut-on concevoir une société sans art ?

L’art et les passions
85. L’art peut-il se comprendre comme une conversion des passions ?
86. L’art peut-il se passer de la passion ?

Art et religion
87. Y a-t-il nécessairement du religieux dans l’art ?
88. Des relations existent-elles entre l’art et la religion ?

L’art et la science
89. Le monde décrit par le discours scientifique s’oppose-t-il à celui qui est révélé par l’art ?
90. Peut-on dire que, si les savants visent à définir les lois du réel, l’artiste, lui ignore toute loi ?

L’art et l’histoire
91. Existe-t-il un progrès en art ?
92. L’œuvre d’un artiste dépend-elle de son temps ?

L’art comme langage
93. Y a-t-il dans le domaine de l’art un langage des sons et des couleurs ?

L’art et la morale
94.L’art peut-il être immoral ?

Le concept de beau
95. Le beau est-il dans le regard ou dans l’objet regardé ?
96. Puis-je dire en même temps “c’est beau” et “ça ne me plaît pas” ?
97. La beauté d’un objet est-elle une propriété du même type que ses caractères physiques ?
98. Le beau, est-ce ce qui ne sert à rien ?
99. Que voulons-nous dire quand nous disons “c’est beau” ?
100.Faut-il renoncer à définir le beau ?

Le sentiment du beau
101. Le beau n’est-il que l’objet d’une perception ?
102. La saisie du beau est-elle immédiate ?
103. Peut-on démontrer qu’une œuvre d’art est belle ?
104. Peut-on convaincre quelqu’un de la beauté d’une œuvre d’art ?

Le beau dans l’art
105. L’art peut-il se passer de la référence au beau ?
106. L’art peut-il échapper au critère du beau et du laid ?
107. Une œuvre d’art doit-elle être belle ?
108. L’œuvre d’art est-elle nécessairement belle ?

L’art et le laid
109. La laideur peut-elle faire l’objet d’une représentation esthétique ?
110. Est-ce inconcevable que la laideur puisse être objet de l’art ?

Le beau naturel et le beau artificiel
111. Y a-t-il une beauté naturelle ?
112. En quoi la beauté artificielle est-elle supérieure à la beauté naturelle ?
113. Que nous apprennent les beautés de la nature sur la nature de la beauté ?
114. Faire œuvre d’art, est-ce ajouter de la beauté à la nature ?
115. L’expérience de la beauté passe-t-elle nécessairement par l’œuvre d’art ?
116. S’il y a une beauté naturelle, rend-elle l’art inutile ?

L’amour du beau
117. Ne peut -on aimer que le beau ?

Beauté et moralité
118. La beauté est-elle un symbole de moralité ?

Le jugement de goût
119. Pourquoi nos préférences ne sont-elles pas des critères suffisants pour juger une œuvre d’art ?
120. De quel droit, dans le domaine artistique , un homme peut-il s’ériger en connaisseur ?
121. Faut-il être connaisseur pour apprécier une œuvre d’art ?
122. Peut-on reprocher une faute de goût ?
123. Est-il vrai qu’on ne peut pas discuter des goûts ?
124. Qu’est-ce que le mauvais goût ?
125. Comment peut juger une œuvre d’art ?
126. Peut-on apprendre à juger de la beauté ?
127. Peut-on se prononcer avec objectivité sur la valeur d’une œuvre d’art ?
128. Quelles compétences faut-il avoir pour apprécier une œuvre d’art ?
129. L’art n’est-il qu’un d’expression subjectif ?

Le plaisir esthétique / Le sentiment esthétique
130. Le plaisir éprouvé devant une œuvre d’art est-il un plaisir spécifique ?
131. Pour goûter une œuvre d’art, faut-il être cultivé ?
132. Le plaisir suppose-t-il une culture esthétique ?
133. L’émotion est-elle constitutive du sentiment esthétique ?
134. L’expression “contemplation de l’œuvre d’art” signifie-t-elle que nous soyons passifs dans le plaisir esthétique ?
135. En quoi le sentiment esthétique se distingue-t-il du sentiment religieux ?
136. Peut-on tirer une jouissance esthétique de ce qu’on ne comprend pas ?

L’interprétation de l’oeuvre d’art
137. Peut-on expliquer une œuvre d’art ?
138. L’œuvre d’art peut-elle se prêter à plusieurs interprétations ? Difficile à classer…
139. Peut-on dire « la vie n’est pas belle, les images de la vie sont belles » ?

Quels problèmes sont en jeu dans les sujets sur l’art ?

  1. Le statut de l’œuvre d’art (de l’activité artistique) et ce qui la distingue des autres productions humaines (d’autres activités productrices humaines) Création / production. Création / invention. Artiste / artisan.
  2. L’art imite-t-il la nature ou créet-il un monde ? Sujets 15 à 19
  3. Le rapport entre l’art et la réalité (le monde). L’art enrichit-il et renforce-t-il notre rapport au monde réel ou bien nous entraîne-t-il dans un autre monde ? Mieux regarder / nous rapprocher vs nous éloigner / nous évader, etc.
    -# Le rapport entre art et vérité.
    Illusion / mensonge / apparence vs dévoilement / révélation / connaissance. 4a. L’art comme forme supérieure de connaissance. Sujet 28
  4. Art et liberté. L’art nous aide-t-il, nous lecteurs ou spectateurs, à être libres ?
  5. Le paradoxe de l’inutilité de l’œuvre d’art (Typiquement le sujet 54)
  6. Le paradoxe de la marchandise. (Typiquement le sujet 55) Comment l’œuvre d’art peut-elle être à la fois une marchandise et être ce qui n’a pas de prix.
  7. Le besoin d’art est-il un besoin fondamental de l’être humain ? (48 à 52)
  8. Le problème des rapports entre art et politique. (79) 9a. Le problème de l’œuvre engagée. (60)
  9. Le problème du rapport entre art et beauté. La beauté ou la recherche du beau entre-t-elle ou non dans la définition de l’œuvre d’art ? (105 à 108)
  10. L’œuvre d’art, pour son existence, sa création, sa définition, dépend-elle du public ? (66, 67) 12. Etre artiste relève-t-il de la nature ? (72, 73) Le don, le génie, etc. 13. Y a-t-il des règles en art ? (74, 76, 77) 14.-# L’art est-il un besoin social ? (82, 84)
  11. Art et classes sociales. Le problème d’un art populaire (83)
  12. Le problème de la définition du beau. (95 à 100) - soit posé sous l’angle du jugement “c’est beau” (approche de type kantien) ; soit posé sous l’angle de la définition des prédicats esthétiques vs physiques (approche du type de celle qu’on trouve dans la philosophie analytique)
  13. L’expérience de la beauté relève-t-elle de la sensation ou du jugement ? de la contemplation ou d’une activité ? Immédiateté ?(102),passivité ? (134).
  14. L’expérience esthétique suppose-t-elle une connaissance ? une culture ? Plaisir vs connaissance et culture : 121, 131, 132, 136
  15. Le problème du rapport entre beau naturel et beau artificiel. Caractérisation du beau naturel (111, 113). Comparaison entre beau naturel et beau artificiel (112, 115)
  16. Quelle est la nature de l’expérience esthétique ? Est-ce un plaisir spécifique ?(130) Relève-t-elle de l’émotion ?(133). Se rapproche-t-elle du sentiment religieux ? (135)
  17. Le problème du jugement de goût. Peut-il être normatif ? (120, 122, 124) Peut-il être objectif ? (127)
  18. L’art (ou le beau) et le bien. Le beau et l’immoral / le beau comme symbole de moralité (94, 118)
  19. Le problème du discours sur l’art : explication ? Interprétation ? 137-138

Les concepts présents dans les sujets sur l’art

  • Amour (du beau) : 113
  • Fait social : 78
  • Apparence : 28
  • Fin : 42
  • Apprécier : 124.
  • Génie : 70
  • Artificielle (beauté) : 108
  • Goût (goûter, mauvais goût, faute de goût) : 118, 119, 120, 126
  • Artisan : 12
  • Habileté (technique) : 7
  • Artiste : 12, 58, 59 Beau : 92, 93, 94, 95, 96, 102, 103, 104
  • Homme, humanité : 45, 46, 47, 48 Image : 49
  • [Catharsis] : caché sous “conversion des passions” : 82
  • Imagination : 50
  • Connaisseur : 117
  • Immoralité : 91
  • Connaître : 22
  • Immédiat : 98
  • Contemplation : 129 Convaincre : 100
  • Industrie (Production industrielle) : 13
  • Créer, création : 10, 11, 14, 17, 18.
  • Interprétation : 133
  • Culture (culture esthétique) : 126, 127
  • Invention (technique) : 10
  • Dévoilement : 29 Démontrer : 99
  • Jugement (jugement de goût) : 115, 121, 122,
  • Divertissement : 35
  • Jouissance : 131
  • Don (être doué) : 69
  • Laideur, laid : 105, 106.
  • Échange : 52, 75
  • Langage des sons et des couleurs : 90
  • Émotion : 128
  • Lois du réel (au sens de lois de la nature, lois scientifiques) : 87.
  • [Engagement] juste” : 57
  • caché
  • “sous
  • cause
  • Illusion : 23
  • Jeu : 9
  • Liberté : 31, 32, 33
  • [Époque] caché sous “temps” au sens de “dépendre de son temps” : 89
  • Malheur : 39
  • Enseignement / de l’art : 66 / par l’art : 37
  • [Mimèsis] caché sous décrire (vs écrire) et dépeindre (vs peindre) : 16 ; sous reproduction : 15 ; représentation : 23
  • Esthétique (adjectif : sentiment e., plaisir e., jouissance e.) : 127, 128, 129, 130, 131 Expérience (esthétique du beau) : 111 Expliquer : 132
  • Mensonge :30
  • Modèle : 68 Monde : 14, 21, 25 Moralité : 114
  • 64 Mort : 40
  • Religieux : 84, 130
  • Naturelle (beauté) : 107, 108, 109, 111, 112 Objet (quelconque) : 4
  • Religion : 85 Représenter, représentation : 23, 30 Révéler : 24, 86
  • Objectivité : 123
  • Rêve : 43
  • Originalité : 72 Œuvre : 1, 2, 4
  • Reproduction (de l’œuvre) : 6 ; (de la réalité) : 15
  • Origine : 42
  • Sacré : 53
  • Passivité : 129
  • Science : 61
  • Passions : 82, 83.
  • Scientifique (discours) : 86
  • Perception (du beau) : 97 Pensée (pensée claire) : 49
  • Sentiment 130
  • Plaire : 65
  • Sens : 41
  • Plaisir : 42, 125
  • Sérieux : 54
  • Poète : 60
  • Société : 79, 81
  • [Politique] caché publique : 76
  • sous :
  • “affaire
  • (esthétique,
  • religieux) :
  • Spectateur : 63 Temps : 34
  • Populaire (art populaire) : 80
  • Travail : 8, 9
  • Produire, Production : 11
  • Utile : 44, 51, 55
  • Progrès : 88.
  • Valeur : 56
  • Public : 64
  • Vérité : 27, 29
  • Publicité : 3
  • Vie sociale : 77
  • Réalité, réel : 19, 20, 22, 26
  • Voir : 38
  • Règles : 71, 73, 74

[1Facile d’établir...mais certainement moins facile à admettre si l’on se réfère à une étude qui fait "autorité" : le rapport de l’inspection générale de philosophie sur les sujets de philosophie au baccalauréat, 1998. Il se conclut ainsi « ...l’ensemble, surtout compte tenu du nombre de sujets à élaborer, est convenable ; aucun sujet, à une exception près, n’est contraire à la réglementation, aucun n’est scandaleux, tous font référence au programme, beaucoup plus directement que par le passé. Normalement, c’est-à-dire si le candidat a bénéficié d’un cours de philosophie et si lui-même s’est correctement préparé, son travail de l’année doit lui permettre de traiter les sujets proposés. »

[2Cette question a été examinée au colloque de l’Acireph sur La dissertation en octobre 2000.

[3On peut cependant lire dans le rapport de l’I.G. de philosophie cité ci-dessus : « L’esprit de l’épreuve est celui même de l’enseignement philosophique : il s’agit pour l’élève de prendre la responsabilité de sa propre parole, de sa pensée, confrontée au problème que lui indique la question ou que traite le texte. Instruit par la lecture des philosophes, exercé toute l’année à l’analyse et à l’argumentation par le travail philosophique accompli en classe, le candidat le jour de l’examen (comme l’élève dans la classe) a à faire preuve non d’originalité, mais de culture et de responsabilité. L’épreuve consiste ainsi en une composition où les élèves sont invités à poser philosophiquement un problème et à conduire méthodiquement une argumentation pour essayer d’y trouver solution, sous leur responsabilité. L’attention au réel, la lecture des philosophes, le souci d’analyse et d’interrogation critiques, cultivés toute l’année, telles sont ses conditions... »